Les mauvaises habitudes perdures : on
continue en France à vouloir régler les problèmes économiques en utilisant la fiscalité. Le rapport GALLOIS préconisait une baisse immédiate des charges des entreprises pour améliorer leur
compétitivité. Le gouvernement a accepté de mettre cette mesure en oeuvre, mais il choisit la voie la moins efficace : le crédit d'impôt. Ce faisant, il a transformé le "Choc " de
compétitivité en "Pacte". C'est une erreur. Avant de voir pourquoi, analysons les raisons qui ont probablement poussé le gouvernement à faire ce choix.
Il y en a essentiellement deux :
- Le team gouvernemental actuel connaît très mal l'entreprise et donc il ne fait pas confiance aux entrepreneurs. Alors pas question de leur donner une sorte de chèque en
blanc, craignant que cet avantage ne soit pas utilisé pour le développement, l'innovation et l'embauche, mais pour augmenter le bénéfice,donc les dividendes.
- politiquement , face à des sondages en chute, il semblait hasardeux, d'alourdir l'effort national au profit des entreprises et contrarier l'idéologie du parti qui fait sa
majorité.
Voilà pourquoi le choix de la fiscalité a été fait pour se rassurer , et la mise en oeuvre effective reportée à 2014 et étalée sur trois années.
Ce choix n'est pas anodin, car chaque année , il y a une nouvelle loi de finances qui est revue, elle peut remettre en cause sans problème les dispositions précédentes. Elle est votée
en fin d'année, elle a même le privilège (et c'est la seule loi) de pouvoir avoir un effet rétroactif, au 1er janvier de l'année en cours.
Voilà donc une stratégie de la prudence.
C'est vraiment mal connaître les chefs d'entreprises, la très grande majorité sont des gens qui ont choisi cette voie par passion, qui veulent se réaliser dans le succès de leur
entreprise et font beaucoup d' efforts pour cela.
Je ne parle pas bien sûr des très grandes entreprises, dont celles du CAC 40.
Soyons précis ( Source INSEE), sur les 2,69 millions d'entreprises que compte la France, la répartition est la suivante :
- 217 grandes entreprises
- 4 600 ETI ( entreprise de taille intermédiaire)
- 131 000 PME
- et le reste soit : 2.255 millions sont des micro entreprises ( de 0 à 9 salariés) !
Voilà une vision plus réaliste du véritable tissu économique de la France. L'INSEE vient aussi de nous donner un autre chiffre, le taux de faillite des entreprises de moins de 50
salariés vient d'augmenter de 11% sur le 3è trimestre 2011.
Alors pourquoi le choix du " pacte " est mauvais ?
Trois raisons principales :
- sur le plan international, l'effet d'annonce d'un "choc" aurait requalifié la France dans les pays dynamiques qui osent être agressifs pour rétablir leur situation. Effet positif sur les
investisseurs étrangers.
- sur le plan politique, notre Président aurait certainement renforcé son image bien écornée de leader et cela n'aurait pu être que bénéfique dans nos négociations avec nos partenaires
commerciaux.
- l'impact réel pour la compétitivité des entreprises aurait pu être bénéfique dès 2013, et non par tiers seulement à partir de 2014. Dans le dispositif fiscal qui va
être mis en place pour le crédit d'impôt, le paramètre le plus important pour déterminer le montant qui sera accordé sera le nombre de salariés dans l'entreprise, alors
quand on sait (source INSEE), que les 217 grandes entreprises emploient 31% de l'ensemble des salariés en France et les 4 600 ETI 28%, donc au total 59% , c'est bien
ces entreprises qui vont récolter le maximum de cette manne fiscale.
Voilà pourquoi partant d'une bonne idée, suivi d'une première bonne initiative gouvernementale une fois encore, la politique prenant le pas sur l'économique, en passant du "choc"
au "pacte" l'effet escompté risque d'être bien amoindri pour la compétitivité et l'emploi.